"Je publie ou pas ?" Dans les lycées, des ateliers pour découvrir la liberté de la presse et ses limites | Les Autres Possibles

« Je publie ou pas ? » Dans les lycées, des ateliers pour découvrir la liberté de la presse et ses limites

Les journalistes peuvent-ils tout dire ? A l’occasion de la 32e édition de la semaine de presse et des médias à l’école, Les Autres Possibles ont ouvert le débat avec des lycéens en classe de seconde.

« Celles et ceux qui ont plutôt confiance dans les médias, levez la main ! » … Un ange passe. Dans la classe de seconde du lycée Briacé au Landreau, une trentaine d’élèves se regardent. Aucun ne lève le bras. Bien sûr, parmi eux, certains ont confiance dans quelques médias, comme TF1, Ouest-France ou « Arte, que je regarde avec mes parents ». Mais la plupart des lycéens ont de bonnes raisons de critiquer le travail des journalistes. A commencer par la course au buzz, le manque de vérification de l’information, et l’impression que les médias racontent tous la même chose. « Y’en a marre du Covid. Ils parlent que de ça », lance une étudiante au premier rang.

Quels sont les droits et les devoirs des journalistes ? Quels textes garantissent la liberté de s’exprimer et d’informer ? Quelles sont les limites de la liberté de la presse ? Voici quelques uns des sujets abordés quelques minutes avant, à l’occasion d’un quiz.  Pour parler de la liberté de la presse et des caricatures, questions sensibles s’il en est, aux Autres Possibles, on préfère l’action aux longues explications. Alors pour ouvrir le dialogue, après les questions – réponses, le débat mouvant, place aux ateliers. Les élèves se réunissent par groupe de cinq. En apprentis-journalistes, ils vont relever un défi mettant à l’épreuve la déontologie de leur « rédaction ».

« Ça se fait pas de raconter ça ! »

« Vous disposez de photos exclusives.  Selon ces photos, le Président de la République trompe sa femme. C’est un scoop ! Mais c’est sa vie privée. » Alors que faire ? Faut-il publier l’information ? Pour peaufiner leur décision, les élèves ont plusieurs éléments à leur disposition.  Autour d’une table, une équipe se partage les documents à étudier. Un lycéen lit la Charte de Munich (référence européenne en matière de déontologie journalistique) tandis que deux autres élèves s’informent sur des procès pour atteinte à la vie privée (l’un a été remporté par les plaignants, l’autre par les journalistes).  Après plusieurs minutes, la rédaction tranche. « Nous, on publie pas. On respecte la vie privée. Ça se fait pas de raconter ça ! », annonce un des élèves. Même son de cloche dans le groupe suivant. « Même si ça pourrait nous rapporter beaucoup, on publie pas non plus », ajoute une élève.


Sur une table, à quelques mètres de là, une caricature. Elle dénonce le manque de partage des vaccins avec les pays du tiers-monde. Sur le dessin, au milieu de seringues tordues, un personnage noir s’écrie : « On va encore avoir les restes ! » Alors, faut-il publier ? La question est la même, mais la réponse est moins évidente. À l’intérieur de chaque groupe, le débat est nourri. Pour étayer leur position, les élèves étudient des caricatures célèbres, analysent les condamnations de Charlie Hebdo et la polémique récente suite au départ du dessinateur Xavier Gorce du journal Le Monde. Puis un groupe s’avance et tranche. « Nous, on publie. Cette caricature peut être choquante. Mais les caricatures, c’est fait pour faire réfléchir les gens », explique un porte-parole. Dans le groupe suivant, un élève regrette les traits prêtés au personnage noir : « C’est un peu raciste de dessiner comme ça », explique-t-il. La sonnerie du lycée a retenti. Le débat peut se poursuivre.

 

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