Loi Sécurité globale : c'est Non. | Les Autres Possibles

Loi Sécurité globale : c’est Non.

Les Autres Possibles, en tant qu’asso militante se battant depuis 5 ans pour défendre la presse indépendante et l’éducation aux médias, est en profond désaccord avec le projet de loi déjà adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, et qui sera examiné par le Sénat en janvier 2021.

Si vous avez raté le début :

Nous parlons plus particulièrement de l’article 24 de la loi de Sécurité Globale. La majorité souhaite pénaliser d’un an de prison et 45 000 € d’amende la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » de membres des forces de l’ordre en intervention, quand elle porte « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ». Une mesure plébiscitée par les syndicats policiers, mais qui suscite l’indignation à gauche et chez les défenseurs des libertés publiques, qui y voient « une atteinte disproportionnée » à la liberté d’informer, pour citer les syndicats de journalistes.

Notre réaction :

En tant que citoyennes nous réclamons et défendons le droit pour toutes et tous d’être informé·e·s correctement et librement, sur tous les sujets.
Nous défendons aussi le droit de pouvoir manifester sans craindre pour nos vies, nos mains, nos yeux ou notre liberté de circuler. Et nous remercions celles et ceux (qu’ils soient journalistes ou non) qui photographient, filment et documentent ces moments afin de produire un témoignage précieux face aux violences policières, qui existent.

En tant que journalistes et éditeurs de presse, nous défendrons toujours le droit d’exercer notre métier sur la voie publique, avec ou sans carte de presse. Notre métier d’observateurs et d’observatrices de la vie publique qui rapportent des faits vérifiés, sous forme de textes, de sons, de vidéos, de photos, est nécessaire. Et, si ce métier souffre de malfaçons multiples dans divers médias locaux ou nationaux, s’il souffre d’une méfiance grandissante, et parfois justifiée, il est néanmoins indispensable de lui assurer un avenir. Un avenir plus radieux que celui que lui réserve cette loi dangereuse.

Notre métier et notre média ne peuvent être décorrélés de nos actions de citoyens ou de citoyennes engagé·e·s pour une société soutenable pour toutes et tous.

C’est pourquoi nous serons en tant que journalistes, éditeurs de presse et citoyen·ne·s à la Manifestation contre la loi de Sécurité Globale à Nantes vendredi 27 novembre à 17h devant la préfecture.

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Aussi, en tant que membre du SPILL, le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne qui défend les intérêts de 180 éditeurs de presse indépendante, nous partageons son communiqué.

Le communiqué du SPIIL :

Paris, le 24 novembre 2020 –
Le projet de loi de sur la sécurité globale risque d’entraver la liberté d’informer. Le Spiil souhaite alerter sur les conséquences préjudiciables des mesures proposées sur l’activité des éditeurs de presse.

L’article 24 de la loi sur la Sécurité globale crée un délit lié à l’intentionnalité du message et non au message lui-même. Il conditionne en effet la liberté d’informer au sujet de l’activité des forces de l’ordre sur la place publique à l’intention de la personne qui diffuse l’information. Or, une personne qui filme et diffuse ce qu’elle considère comme une violence policière peut être animée d’un sentiment de colère interprété à tort comme une intention manifeste de nuire. Son message n’en sera pas pour autant en lui-même un appel à la haine.

Le risque de pénalisation de témoins, observateurs non journalistes, lanceurs d’alerte, constitue une pression directe sur ces sources d’information, qui sont bien souvent une matière première pour les journalistes et les éditeurs de presse. En mettant l’accent sur l’intentionnalité de la diffusion du message, l’article 24 place la liberté d’informer au second plan. Il ne s’agit nullement de nier les appels à la violence dont sont victimes les forces de l’ordre mais plusieurs articles de la loi de 1881 condamnent déjà la diffusion de messages qui appellent à des atteintes aux personnes. Cette entrave à l’information réduit la diversité des sources à celles de citoyens supposés bien intentionnés.

Ce faisant, l’article 24 nuit directement au travail des journalistes et à l’activité des éditeurs de presse en bridant l’écosystème démocratique de l’information.

Au-delà, la distinction entre des citoyens habilités à informer, dont feraient partie les journalistes, et d’autres citoyens privés de ce droit, ne peut que discréditer la profession. Les mots qui ont échappé au ministre de l’Intérieur, invitant les journalistes à se rapprocher des préfectures pour êtres protégés lorsqu’ils couvrent une manifestation, sont à ce titre particulièrement inquiétants. Le principe non démocratique d’une caste de gens “autorisés” à informer saperait durablement l’image des journalistes et renforcerait la défiance des citoyens envers la presse d’information. La valeur ajoutée du travail journalistique portée par les éditeurs de presse est précieuse mais elle s’appuie sur une stricte indépendance.

Pour ces raisons, le Spiil appelle au retrait de l’article 24 de la loi Sécurité globale qui porte une atteinte disproportionnée à la liberté d’informer, divise les citoyens face à ce droit fondamental, fragilise la presse et les journalistes.

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