Accepter son homosexualité : elle a parcouru le chemin, elle a souffert en silence | Les Autres Possibles

Accepter son homosexualité : elle a parcouru le chemin, elle a souffert en silence

Alice a mis des années à assumer son homosexualité. Aujourd’hui, à 23 ans, elle raconte tout le chemin parcouru pour être pleinement elle-même.

Un article écrit par Boé, publié en mai  2022 avec l’aide du magazine Les Autres Possibles.

Illustrations : Photo de Boé, et Images libres de droit.

Son premier rapport à l’homosexualité, Alice* l’a vécu en classe de troisième. Au collège, deux de ses amies sortent ensemble. Une relation qui dérange au sein de son établissement. « On était dans un collège en campagne. Je me souviens que c’était très important pour moi d’être vraiment à leurs côtés. » Une simple volonté pour la jeune fille de défendre ses copines. Pas question alors de s’interroger sur sa propre sexualité. « À aucun moment, je ne me disais « j’aimerais que ce soit moi, j’aimerais rencontrer une fille ». À l’époque, ce n’était absolument pas envisageable », explique-t-elle avec le recul.

C’est à partir de la seconde que des premiers signes commencent à apparaître. Alice pense être tombée amoureuse… d’une fille « Elle venait s’asseoir à côté de moi et, pendant une heure, on passait notre temps à parler. Au bout de quelques semaines, le prof de maths en a eu marre, donc il l’a virée. » Un éloignement qui passe mal. Alice passe son après-midi en pleurs, sans vraiment comprendre ce qui lui arrive. Aujourd’hui, elle sait que derrière ses larmes, c’était ce chagrin d’amour « Et ça je m’en suis rendu compte qu’après. »

Au lycée, dans sa bande d’ami·es, on est majoritairement LGBTQIA+ et gothique.  Deux identités à l’opposé de la jeune Alice. « Et pourtant je faisais partie du groupe ». Entre les cours, deux amies lui affirment qu’« il n’y aurait que 10% de la population mondiale  qui serait réellement hétérosexuelle ». Pour Alice, à ce moment là, pas d’hésitation : « bah oui, moi je fais partie des 10% c’est sûr ! ».

Des premiers sentiments « conscients » pour une fille


Viennent les années de fac et d’Erasmus. Alice a la vingtaine. Elle s’envole vers les Etats-Unis. C’est là, outre-atlantique, qu’elle développe des sentiments « conscients » pour une fille. Pendant sept mois, elle reste dans le silence de ses sentiments. Un soir, Alice  décide d’en parler à sa meilleure amie, bisexuelle, l’échange lui paraît plus simple. « La sexualité c’est fluide, t’inquiète… C’est peut-être juste avec cette fille…  Au pire on s’en fout », lui lance son amie. « Un discours hyper cool » qui rassure Alice qui craignait d’être brusquée et catégorisée.

Cette parenthèse n’est que de courte durée. En rentrant  en France, elle se referme de nouveau sur elle-même. Mais, petit à petit, elle fait son coming-out à ses amis. Elle ressent le besoin de partager le fait d’avoir été amoureuse d’une fille pendant son voyage, que ses ami·es soient au courant. Parmi elleux, deux sont croyantes, chrétienne et musulmane. Elle angoisse à l’idée de leur  annoncer. « Et, en fait, j’ai stressé pour rien, rigole Alice. L’une des deux m’a révélé avoir fait des bails
avec une autre fille à 15 ans, donc c’était pas catastrophique ! »

«Ce que je pouvais tolérer chez les autres, je ne le tolérais pas chez moi.»

L’été suivant son aventure américaine, Alice reste majoritairement avec sa famille. Son père enchaîne les propos homophobes. Un jour, alors qu’il s’exprime avec haine au sujet des homosexuelles, Alice décide de lui avouer. « Je lui ai dit “écoute papa, assieds-toi, faut qu’on parle.” Il a pas mal réagi. Il s’est senti con, il s’est excusé. Ma mère m’a dit “tant que t’es heureuse”. » Le reste de sa famille, notamment son petit frère n’est pas au courant. Seule exception : sa grand-mère. « Elle a Alzheimer. Je savais qu’elle oubliait les choses, donc c’était tout simple. Je faisais la vaisselle, et je lui dit “au fait Mamie, j’aime les filles” elle a fait “ok”. »

Des ami·es qui la comprennent et des parents qui l’entendent. Tout semble aller bien pour Alice. Pourtant dans son fort intérieur, la jeune femme lutte encore. « Mon coming-out était censé être un moment libérateur. En réalité, je l’ai très mal vécu. Ce que je pouvais tolérer chez les autres, je ne pouvais pas forcément le tolérer chez moi. » Alice met du temps à accepter qu’elle ne sera pas la fille parfaite au yeux de son père. La norme de la société qui la voudrait avec un prince charmant lui échappe.

«Présenter quelqu’un à mes parents, c’est quelque chose que je veux vraiment.»

Pas question pour Alice de rester seule pour autant.  Mais alors, comment rencontrer du monde LGBTQIA+, cette communauté cachée ? Sa solution ; Tinder ! « Le monde de la communauté lesbienne est hyper dur à trouver, et les réseaux, ça permet de faire des rencontres de manière simple. »

Quel chemin reste-t-il à parcourir à Alice pour s’accepter totalement ? « Présenter quelqu’un à mes parents. Pour l’instant ce n’est pas acquis. Dans ma tête, il est hors de question que je leur présente quelqu’un. Mais je trouverais ça incroyable, c’est quelque chose que je veux vraiment. »

*prénom modifié pour conserver l’anonymat.

 

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