Dans le quartier du Breil à Nantes, quatre jeunes reporters se sont familiarisés avec le métier de journaliste et ont abordé la critique du sexisme dans les médias. Retour sur trois ateliers riches d’échanges !
« Sérieusement ? Il y a autant d’hommes que de femmes sur terre ?! » Joana n’en revient pas et l’animatrice de la pépinière jeunesse l’Horizon, au Breil, qui accompagne la séance tombe presque de sa chaise. Du 20 au 22 octobre, pendant les vacances scolaires, Jamila, Baris, Joana et Camille ont plongé dans l’univers des médias, le temps de trois ateliers avec Les Autres Possibles au sein de la pépinière. Première étape : constater que la représentation des hommes et des femmes dans les médias n’est pas égalitaire. Les chiffres sont clairs : si l’égalité est presque parfaite entre le nombre d’hommes et de femmes sur terre, dans les médias, ces dernières sont largement invisibilisées. Pendant le confinement au printemps dernier, on n’a pu que le constater, encore et encore : omniprésence des hommes « experts » sur les plateaux télé, Une sans femme du journal LeParisien titrée « Ils racontent le monde d’après »…
Où les femmes ont-elles trouvé leur place ? Dans les magazines féminins et leurs pluie d’injonctions à rester belle derrière l’écran, au cas où une visio avec le patron se présenterait… Actuels ou plus anciens, les exemples de sexisme dans les médias ne manquent pas, comme ces propos de Michel Izard, journaliste pour TF1 en 2019, lors de la coupe du monde de football féminin.
Je ne percevais pas trop l’enjeu de cette coupe du monde féminine…et là je découvre ce tweet et je suis dépitée par tant de bêtise et de sexisme. Et oh TF1, on est au XXI siècle !!!! https://t.co/HvTOpHBqU9
— SF édition (@sfedition) June 18, 2019
Tous ces contenus ont été matière à débat avec les jeunes lors des ateliers. Ensuite, place à la deuxième étape : les jeunes participant·e·s ont aiguisé leur esprit critique en décryptant par leurs soins les images et propos sexistes ou féministes dans les médias : Unes de journaux, posts de réseaux sociaux, extraits d’articles… L’occasion de discuter sur les visions très personnelles de chacun·e : si ce post Instagram se moque des kilos que pourraient prendre les femmes pendant le confinement, peut-on dire que c’est sexiste, ou « juste de l’humour » ?
Cette séance a également permis de découvrir la presse féministe ainsi que les comptes de réseaux sociaux comme « Pépite sexiste », une association de sensibilisation au sexisme et aux stéréotypes diffusés par le marketing.
La deuxième séance avec Baris, Joana, Jamila et Camille est consacrée au traitement des meurtres conjugaux par la presse, comme illustration du sexisme dans les médias. Mais bonne nouvelle : les participant·e·s ont pu constater que le terme « féminicide » est de plus en plus utilisé par les médias, et que l’AFP, Libération ou encore Le Monde ont consacré des enquêtes aux violences faites aux femmes et spécifiquement aux meurtres conjugaux.
Au cours de cette séance, une chronique de la journaliste Giulia Foïs (« Pas son genre » sur France Inter) a été diffusée pour évoquer les violences faites aux femmes. Les études sur les violences subies par les femmes au cours de leur vie sont alarmantes : 1 femme sur 5 harcelée sur son lieu de travail, et 1 sur 2 qui connaîtra au moins une forme de violence sexuelle au cours de sa vie. Une fois encore, les jeunes sont atterrés face aux chiffres. La séance permet aussi de libérer la parole : Jamila, d’origine afghane, partage avec le reste du groupe des cas de violences conjugales et tous les interdits qu’elle a pu observer avant son arrivée en France, comme l’impossibilité de conduire pour une femme.
Pour clore le projet en mettant les jeunes en action, le groupe a interviewé Charlotte Gautier, formatrice à Nantes chez Régalons-nous, collectif d’éducation populaire féministe. Une manière d’aborder le « journalisme de solution » en mettant en lumière une initiative locale de lutte contre le sexisme. Les apprentis-journalistes publieront très bientôt leur article sur le blog « Cap sur les discriminations » !
Enseignant, éducateur, parent… Ça vous intéresse ? Pour en savoir plus sur les projets d’éducation aux médias et à l’information menés par les Autres Possibles, n’hésitez pas à contacter la rédaction !
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