Pour un jeune Français, d'ici à n'importe quel pays d'Afrique, il n'y a que quelques heures d'avion, une dizaine maximum. Seïtinta, jeune Guinéen dont nous racontons le parcours au dos de ce numéro, a mis trois ans pour faire le chemin en sens inverse. Ce n'est pas un voyage, c'est un exil. Pour arriver à Nantes, le jeune homme a roulé, marché, travaillé ici quelques semaines, là plusieurs mois, dormi sous des bâches, fait la manche, appris la mort de son père, hésité, préféré la mort au demi-tour, passé des murs de barbelés, échoué, réussi, sans finalement trouver ce qu'il cherchait. Seïtinta s'est jeté sur les chemins d'un monde qu'on ne connaît pas. Même quand il raconte, on n'imagine pas. Arrivé ici, son espoir était d'avoir une vie meilleure. Et avant, d'être reconnu mineur, puisque la loi oblige l'État français à s'occuper des mineurs isolés sur son territoire. Un Graal qui lui a été refusé. Résultat : pas d'aide institutionnelle possible. Rien. La rue. Le seul soutien restant à ces jeunes non reconnus mineurs, c'est celui des citoyens qui le veulent bien, qui osent du moins. Des individus seuls, des familles, en associations ou collectifs, qui ont pris pour eux d'intervenir malgré tout. C'est autour d'eux que s'articule ce dossier : les jeunes restés sur le carreau de l'aide à l'enfance et ceux qui les soutiennent, se préoccupant peu de leur âge.
Octobre 2017
#09 JEUNES EXILÉS
Jeunes exilés et citoyens solidaires
Sommaire
Reportage
À l'école des sans-école
par : Marie Bertin
Pour les jeunes exilés dont la minorité n'a pas été reconnue, retrouver le chemin de l'école est un véritable parcours du combattant.
Enquête
Viens, tu peux dormir chez moi
par : Philippe Ridou
Le collectif des "hébergeurs solidaires" s'organise face à l'urgence vécue par les jeunes exilés à la rue.
Entretien
L'enjeu majeu d'être mineur
par : Mathilde Chevré
Amandine Le Roy, avocate à Nantes, tente de faire valoir le droit des jeunes exilés dans près de 70 dossiers.
La carte au dos : Terre d'exils
Histoires de route et de passage, à lire, écouter et découvrir... grâce au contenu augmenté. Les récits de trois jeunes Africains, sur leur parcours de leur pays d'origine jusqu'ici. Puis celui de trois autres exilés racontant leur attente une fois "arrivés" à Nantes.
Une carte sensible réalisée en collaboration avec le collectif Étrange miroir et le développeur Xavier Seignard.
Camille Van Haecke
Graphiste, artiste et accessoirement directrice artistique du magazine, c’est Camille Van Haecke qui a réalisé la carte du mois, entourée du collectif Dessins sans Papiers et des jeunes exilés.