La pauvreté et l’exclusion habitent nos villes et forcent des femmes et des hommes à dormir à la rue. Le nombre de sans-abri – familles, jeunes, vieux, Français ou non – n’a jamais été aussi important en France. Du côté des institutions, on débat sur les réponses à apporter. Mais pendant ce temps-là, chaque nuit compte. Pour mettre davantage de personnes à l’abri, les assos, les collectifs et leurs bénévoles sont contraints de réinventer, en urgence, l’hébergement d’urgence. En plus des centres d’accueil, des hôtels, des squats, on cherche partout de nouveaux toits. Sur la côte vendéenne, par exemple, l’asso 100 pour 1 contacte les propriétaires de résidences secondaires pour y installer provisoirement des familles. À Rennes, la Fondation Abbé Pierre innove en multipliant les contrats d’usage avec les promoteurs pour occuper leurs immeubles vides. À Nantes, les agences immobilières sociales mobilisent des propriétaires acceptant de baisser leurs loyers. À Saint-Nazaire, chez Emmaüs, Boris a trouvé une première maison qui l’aide à entrevoir la porte de sortie, celle qui éloigne de la précarité. Tous cherchent des logements, pas des abris de fortune, comme le supportent les 2 000 habitants des bidonvilles nantais, recensés au dos de ce numéro. Un toit décent est un droit. Et, aussi complexe que soit la situation, ce droit doit être respecté autant que la dignité.
Mars 2020
#26 HÉBERGEMENT
Voici venu le temps de loger les gens
Sommaire
Enquête
Les plans B de l'hébergement d'urgence
par : Marie Bertin
Il y a de plus en plus de gens à la rue et trop peu de places libres. Les associations n’ont pas le choix : frapper à toutes les portes, pour en ouvrir de nouvelles.
Rencontre
Proprio solidaire : "J'auto-plafonne le loyer"
par : Hélène Bielak
À Nantes, l’Agence immobilière à vocation sociale réunit des propriétaires qui acceptent de louer leurs biens à des prix en dessous de ceux du marché.
Interview
"Le système est à bout de souffle"
par : Nolwenn Perriat
Avoir un toit, c’est un droit. Comment s’applique-t-il ? Les explications de François Lebrun, chef de projet logement et hébergement à la Fédération des acteurs de la solidarité des Pays de la Loire.
Portrait
Bienvenue chez Boris
par : Marine Forestier
Quand Boris arrive en France, ses recherches de logement le mènent jusqu’à la communauté Emmaüs de Saint-Nazaire. Là-bas, il travaille en échange d’un toit.
La carte au dos : Les bidonvilles nantais
L’agglomération nantaise est l’une de celles qui concentrent, en France, le plus d’habitants vivant en bidonvilles : environ 2 000 personnes. Des bidonvilles ? Oui. Des terrains insalubres, sans accès sécurisé à l’électricité, parfois sans eau courante. Leurs occupants y vivent dans des abris précaires : des caravanes, des tentes ou des cabanes de fortune. Ici, ils sont habités majoritairement par des familles venues d’Europe de l’Est, notamment de Roumanie, que l’on réunit, par abus de langage, sous le qualificatif « Roms ». L’objectif de cette carte est de rendre visible cet habitat d’une extrême précarité, et de mieux comprendre la réalité de ses habitants, qu’importe leurs origines.
Loïc Sécheresse
Loïc Sécheresse est illustrateur pour la presse, la publicité et l'édition. Il est également l'auteur de bandes dessinées (Heavy Metal, Mort de LOL...) et de la série "Satanisme et éco-responsabilité", une vision moderne, concernée et humoristique des enjeux environnementaux actuels mettant en scène la prise de conscience écologique de Satan. C'est un dessinateur toujours en recherche de justesse dans le geste et de lyrisme dans son trait. Depuis Nantes où il réside depuis 2015, il expérimente dès qu’il le peut des pratiques en marge de ses travaux en cours, comme l’animation, le dessin live ou les images en grand format, et tente de mettre cela au service d'engagements sociaux, en faisant des croquis lors des manifestation nantaises et en collant des reproductions grand format dans la rue.