Barim : “J’ai voulu devenir illustratrice en observant des peintres sur céramique” | Les Autres Possibles

Barim : “J’ai voulu devenir illustratrice en observant des peintres sur céramique”

Chaque numéro des Autres Possibles est illustré par un·e artiste nantais·e différent·e. L’occasion de découvrir le travail des graphistes, illustrateur·rices et peintres locaux, mais aussi d’en apprendre plus sur leurs parcours et leurs inspirations dans une interview menée à domicile ou dans leur atelier, et publiée ici après la sortie de chaque nouveau numéro.

Publié le 11 décembre 2023
Propos recueillis par Marie Bertin
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À 28 ans, Barim a déjà illustré trois ouvrages jeunesse et en prépare deux autres, à paraître prochainement en Corée du Sud. Une belle réussite qui pourrait simplement suivre son cours si la jeune artiste n’en avait pas décidé autrement : l’illustration jeunesse, c’est bien, mais c’est auprès des adultes qu’elle voudrait désormais faire reconnaître la fougue de son trait. Et puis c’est en France, et non en Corée, qu’elle veut poursuivre son parcours d’artiste. Et pour cela, elle a choisi Nantes comme port d’attache.

 

Trois livres publiés à ce jour, deux autres à venir, c’est un bon départ pour une jeune illustratrice ! 

Pourtant juste après mon arrivée à Nantes, en 2018, il ne s’est pas passé grand-chose ! Pendant trois ans, ce n’était pas facile, j’avais peu de travail… Mais c’est vrai que depuis l’année dernière, en 2022, tout s’est accéléré. Après la publication, en France, de mon premier livre jeunesse Départ en vacances, j’ai trouvé dans la foulée un éditeur coréen pour Dans le musée – une histoire sans texte qui rend hommage aux esprits des animaux empaillés d’un muséum d’histoire naturelle. Et trois autres projets ont suivi, tous en Corée, dont deux doivent paraître l’an prochain. Je suis ravie mais je ne souhaite pas me cantonner à la littérature jeunesse. Mon dessin, je le pense comme quelque chose de joyeux, c’est vrai, mais c’est aussi une référence à la folie, et j’aimerais le confronter davantage au public adulte. C’est ce qui m’a rendue enthousiaste à l’idée de participer aux Autres Possibles ! Par ailleurs, c’est en France que j’aimerai poursuivre mes projets artistiques, sous forme de livres mais pas seulement. Le problème avec les livres, c’est que ça ne s’expose pas, et cela me manque. Depuis un mois, je me lance aussi dans la céramique. Au départ, c’est cet art qui m’a attiré : c’est en voyant travailler des céramistes, à l’âge de 12 ans, que j’ai décidé de devenir illustratrice. 

 

Pourquoi avoir choisi la France pour étudier le dessin et lancer ta vie d’artiste ?

J’ai décidé très tôt de venir en France, dès le Lycée, et donc je suis partie à mes 18 ans. C’est assez rare en Corée. En général, les candidats au départ font des études avant de partir. Je pense que venir faire une école d’art française était un moyen de me rebeller, de me confronter à autre chose et de libérer mon dessin. Je suis coréenne et donc, par mon éducation, je suis particulièrement “dans le cadre”. Je cherche à me libérer de ça. Pour moi, la beauté est dans l’imperfection. C’est ce que je veux prouver en dessinant : la perfection de l’imperfection. C’est aussi pour cela que j’aime jouer sur les superpositions de couleurs et de trames : ces superpositions sont incontournables pour moi. Je suis en permanence en lutte contre le fait de dessiner proprement. Après, je considère que je n’y suis pas encore. Je pars de loin ! J’ai vécu 18 ans en Corée… Peut-être qu’au bout de 18 ans passés en France, j’y serai arrivée… 

 

Tes dessins sont de véritables scènes d’action qui mêlent personnages humains et animaux. D’où te vient ce goût du mouvement et de la personnification animale ? 

C’est vrai que j’aime représenter des animaux, comme ces chiens qui profitent joyeusement de boire du muscadet sur la dernière cartographie des Autres Possibles ! (Sourire de l’autrice). Je pense que quand je dessine – de cette façon – des animaux à la place d’humains, qui participent à l’action, c’est une façon pour moi d’être plus libre de leurs expressions. Ça va avec ce que je disais précédemment : ça m’aide à me libérer du cadre, en l’occurrence, celui de la représentation humaine. Et puis, j’aime les animaux. J’en ai un à la maison auquel j’attribue toutes sortes d’intentions et d’idées en l’observant. Ensuite, c’est vrai, il se passe toujours beaucoup de choses dans mes dessins ! J’ai horreur de dessiner du statique, des portraits figés… ou des natures mortes. Il me faut de l’action dans tout ça. Je pense que cela vient de ma façon de mémoriser les images qui me plaisent : pour garder en tête une scène du quotidien qui m’intéresse, je n’imprime pas juste une image figée, mais bien toute la scène, comme dans un film ou une série. 

Quels sont tes projets pour la suite ?

Je suis en train de finir d’illustrer mes deux prochains ouvrages à paraître en Corée : l’un fait partie d’une série de livres historiques pour la jeunesse – je m’occupe du volume consacré à la période médiévale française, l’autre est un ouvrage de vulgarisation des sciences de la terre, qui traite de la question de la formation de l’univers. Prochainement, je vais également envoyer quelques manuscrits à des maisons d’édition françaises. Et parallèlement, j’aimerais poursuivre ma production d’affiches, de dessins uniques et de cartes postales. Enfin, j’espère produire plus de céramiques, et pourquoi pas multiplier les marchés pour les faire connaître, et les vendre. 

“Barim” est un pseudo que tu t’es choisi : que signifie-t-il ? 

Barim veut dire “la couleur qui est absorbée tout doucement par le papier”. C’est un peu ce que je veux faire dans mes histoires : réchauffer tout doucement le cœur du lecteur. Je veux décrire un monde joyeux, qui soigne. Le plus important pour moi, c’est d’être heureuse en dessinant. Et j’ai remarqué que mes dessins étaient justement bien meilleurs quand j’étais heureuse. Or, si le dessin est beau, je suis heureuse… Donc c’est un cercle vertueux !

 

Le parcours de Barim, en bref →

Née en Corée du Sud, Barim a fait le choix de venir poursuivre ses études en France à ses 18 ans. Après une année passée à étudier le français en fac de lettres, elle est acceptée à l’École d’art d’Épinal en 2015. Elle en sortira diplômée en 2018 et choisit de poser ses valises à Nantes pour développer une activité d’illustratrice, et désormais, de céramiste.

 

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