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Chauffeur solidaire, si t’es champion

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Comment se déplacer quand on habite la campagne, sans voiture, sans transports en commun et sans grands moyens ? Grâce aux chauffeurs solidaires ! Leurs assos se multiplient en milieu rural. Exemple à Nort-sur-Erdre.

12 octobre 2021
Propos recueillis par Nolwenn Perriat
Illustration : Gwendoline Blosse
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Un jeudi matin, 10h, à Nort-sur-Erdre, au nord de l’agglo nantaise. Philippe Rousseau, chauffeur solidaire de 64 ans, emmène Clément Padiolleau, 96 ans, au supermarché. « J’ai toujours fait mes courses à pied jusqu’à ce que la supérette du centre-ville ferme, explique le nonagénaire. Au début j’appelais des amis pour m’emmener; mais toujours les solliciter, c’est compliqué. On m’a parlé du transport solidaire, je l’utilise depuis un an et j’en suis très satisfait ! »

Présent surtout dans les communes rurales où les bus sont rares voire inexistants, le transport solidaire est organisé par les mairies ou par des associations comme ici Le Transports solidaire nortais. Il permet à des personnes isolées, souvent âgées ou en situation de handicap, qui ne possèdent pas de voiture ou ne conduisent plus, d’être transportées par des bénévoles à leurs rendez-vous, pour un prix revenant à peu près à des frais kilométriques. Un trajet de moins de 10 km coûte 3€, au-delà, c’est 0,35€/km. Si l’attente entre l’aller et le retour excède deux heures, le trajet est compté deux fois.

« Toujours demander à un ami c’est compliqué » 

Taxi Driver

L’asso de Nort-sur-Erdre, créée en janvier 2018, compte aujourd’hui 120 bénéficiaires et 22 chauffeurs. Philippe Rousseau, retraité depuis 4 ans s’y est investi comme conducteur et trésorier. « J’étais commercial, donc le contact c’est important pour moi. Je fais deux trajets par semaine et l’objectif, c’est le partage et l’échange. J’ai beaucoup appris sur l’histoire de la ville grâce à Clément. »

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L’asso réalise 80% de ses trajets sur la commune dans un rayon dépassant rarement les 10 km. Hors période de crise sanitaire, la moitié sont pour des rendez-vous médicaux, 30% pour des courses alimentaires et le reste pour des visites à des proches ou encore pour attraper une correspondance avec le tram-train.

« Mais au-delà du transport des relations amicales naissent. Si Clément n’appelle pas pour réserver son trajet un jeudi, je m’inquiète donc je prends de ses nouvelles ajoute Philippe Rousseau. C’est rassurant pour lui. » Un numéro est à disposition des bénéficiaires pour réserver leurs trajets 48h à l’avance. Au bout du fil, un bénévole répartit les besoins équitablement entre les conducteurs en fonction de leurs disponibilités. « Nous ne roulons pas les week-ends et les jours fériés pour le moment précise Philippe Rousseau.  Nous manquons encore de conducteurs par rapport au besoin croissant de trajets. »

Oui-Oui est si fier…

En Loire-Atlantique, une commune sur deux est désormais couverte par une asso de transport solidaire. « En France, j’estime que leur nombre a au minium doublé depuis janvier 2019 », affirme Antoine Pretzlaf, chef de projet chez Ecov, qui développe des services publics citoyens de mobilité avec les collectivités. C’est lui qui a organisé les premières assises dédiées au transport solidaire à Nantes, en février 2020.

L’occasion pour les associations d’échanger sur un décret publié en août 2019 qui exclut du dispositif les personnes résidant dans une unité urbaine de plus de 12 000 habitants et qui fixe, pour la première fois, un plafond de revenus : 746€ pour une personne seule, 1119€ pour un couple. « Ce décret encadre la pratique donc la reconnaît, ce qui est positif. Mais cela complexifie aussi le travail des assos analyse Antoine Pretzlaf. Cela dit, pour l’instant, aucune sanction n’est prévue. »

 

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