Être propriétaire solidaire à Nantes : “J’autoplafonne le loyer” | Les Autres Possibles

Être propriétaire solidaire à Nantes : “J’autoplafonne le loyer”

Proprio-solidaire-nantes-logement-proprietaire-herbergement  Crédit Stéphane Mahé LAP #26

À Nantes, l’Agence immobilière à vocation sociale réunit des propriétaires qui acceptent de louer leurs biens à des prix en dessous de ceux du marché.

16 mars 2020
Par Hélène Bielak
Photographie : Stéphane Mahé pour Les Autres Possibles
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C’est un T3 de 52 m2, en plein centre de Nantes, cours des 50-Otages. Un appartement idéalement situé, dont le prix pourrait facilement s’envoler avec la flambée immobilière que connaît la ville. Sauf qu’Alain Dubreuil, son propriétaire, en a décidé autrement. Il le loue 380€ par mois à sa locataire.

Un tarif environ 40% inférieur aux prix du marché. «Pourquoi ? Parce que je trouve que le logement est devenu un objet de spéculation alors qu’il s’agit d’un besoin premier. En plafonnant mon loyer, je permets à une personne en situation de précarité d’accéder au logement et je participe à la pondération des prix des logements», explique-t-il.

Alain Dubreuil fait parti des propriétaires solidaires de l’Agence immobilière à vocation sociale (AIVS) de Nantes, rattachée à l’association Habitat et Humanisme. L’office rend les mêmes services qu’une agence classique : elle se charge de l’état des lieux, du bail, des quittances de loyer, des assurances, etc.

Par contre, les prix des biens qu’elle propose défient toute concurrence : «À Nantes, au lieu d’un mètre carré loué à 11-12€, on est plutôt à 6-8€», précise Jean-François Brosseau, chargé de mission pour l’AIVS de Nantes.

« Un T3 en plein centre loué 380€ par mois »

VOICI LES CLEFS

L’agence s’adresse à des personnes en situation de précarité remplissant certains critères : les locataires doivent bénéficier des minima sociaux, d’un titre de séjour valide, et n’avoir aucun contentieux avec les services fiscaux et la CAF. Dans certains cas, un travailleur social leur rend visite, pour une bonne prise en main du logement.

«Certains bénéficiaires n’ont jamais signé de bail, jamais eu leur propre logement avant cela», expose le chargé de mission. En cas de petits problèmes techniques – comme un évier bouché, par exemple – l’AIVS mobilise son réseau de bricoleurs solidaires afin d’intervenir. Pour des travaux plus conséquents, l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) peut prendre en charge la majeure partie des frais, moyennant quoi le propriétaire s’engage à louer son bien à un tarif très social.

C’est ainsi qu’en 2010, Alain Dubreuil a rénové entièrement son T3 en ne déboursant que 8000€ sur les 50000€ du coût total des travaux. «Je n’aurais jamais pu les faire, s’il n’y avait pas eu de convention avec l’ANAH», souligne-t-il. Autre avantage pour les propriétaires : un abattement fiscal de 85% sur leurs revenus locatifs.

 

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TOIT D’ABORD

Si le propriétaire estime qu’il ne gagne pas beaucoup d’argent avec ce logement, sa satisfaction est ailleurs : «Cet appartement, ma femme et moi en avons hérité de sa mère. Nous avons hésité à le vendre mais nous y étions attachés.

Le louer de cette manière permet de le garder mais de lui donner un sens. La meilleure des récompenses, c’est de voir quelqu’un en difficulté y entrer, et redresser la tête au fur et à mesure.» Et ce, sans prendre plus de risques que tout autre propriétaire. «Jamais eu de soucis d’impayés», affirme Alain Dubreuil.

Jean-François Brosseau de l’AIVS confirme : «Dans le réseau des AIVS en France, le taux d’impayé est de l’ordre de 3,5%, contre 7,5% sur le marché social classique.» En Loire-Atlantique, l’AIVS d’Habitat et Humanisme compte 184 logements, dont 90% dans l’agglo nantaise.

Mais, localement, d’autres structures sont agréées par l’État pour faire de l’intermédiation locative, comme Soliha avec son agence immobilière sociale, ou l’Édit de Nantes Habitat Jeune avec son programme Passerelle. Toutes cherchent régulièrement de nouveaux propriétaires solidaires.

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