Publié le 29 novembre 2022
Par Marie Bertin
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Ariane Hugues est installée à l’atelier Radar, à Nantes. À 29 ans, cette jeune artiste se déplace avec talent entre les univers de la bande-dessinée, du fanzine et de l’illustration de presse, à la recherche de projets engagés, de préférence. Entre deux commandes, elle profite de son temps libre pour expérimenter et peaufiner ses deux techniques de prédilection : le dessin au fusain et en papiers déchirés. Projet en cours : sa toute première bande dessinée publiée à compte d’éditeur !
Comment te définis-tu, en tant qu’artiste ?
Comme illustratrice et autrice de bande dessinées et de fanzines. C’est le fait de raconter des histoires qui est important pour moi, que ce soit en mots ou en images. Pour l’instant, j’ai principalement illustré mes propres histoires, pour des projets d’édition jeunesse. Actuellement, je travaille sur une BD assez longue publiée sous forme de feuilleton par le média Biscoto, un journal indépendant pour enfants. Mais je ne fais pas que ça. Il m’arrive également de collaborer avec des titres de presse comme Les Autres Possibles – au hasard ! – mais aussi Ballast, ou la revue Z, par exemple. Dans l’ensemble, je suis à la recherche de projets qui font sens pour moi et correspondent à mes engagements.
Justement, quels sont les sujets et causes qui te portent le plus ?
L’écologie revient beaucoup dans mes histoires. Mais aussi le féminisme et d’une façon générale, la complexité des relations humaines : mes personnages se demandent souvent comment se connecter les uns aux autres, comment mieux se connaître eux-mêmes, etc. Je dois aussi signaler un certain intérêt pour les histoires de fantômes ! Face aux enjeux d’aujourd’hui, j’essaye d’écrire des histoires qui offrent des perspectives : que peut-on faire pour changer tel ou tel état de fait ? Et je transpose la réponse, souvent en y intégrant une dimension magique ou fantastique.
Plus jeune, j’aimais beaucoup les livres appartenant au genre de l’heroic fantasy. Cela permet de prendre de la distance avec le sujet. Dans mon histoire inventée pour le journal Biscoto, par exemple, on suit une jeune fantôme, Ada, qui se retrouve avec le pouvoir de changer le climat…
Peux-tu nous en dire un peu plus sur les deux techniques que tu utilises le plus pour dessiner – le fusain et les papiers déchirés -, pourquoi celles-là ?
J’ai réellement commencé à utiliser le papier déchiré pour un de mes projets de fin d’études, Le Bal. C’est un livre pêle-mêle imprimé en sérigraphie, qui met en scène des danseurs et danseuses que l’on peut interchanger pour créer plein de duos différents. Désormais, j’ai recours au collage principalement pour les travaux de commandes, lorsqu’il s’agit d’illustration pure. Pour moi l’intérêt de cette technique est qu’elle permet de créer des accidents, des surprises dans le dessin.
Parallèlement, j’utilise plutôt le fusain pour mes bande dessinées. Cette technique aussi me vient d’assez loin, de l’époque où je faisais beaucoup de croquis d’observation, de mes amis ou en balades notamment. Les deux techniques ont en commun d’avoir un rendu très plastique, d’apporter de la texture à mes dessins. Et puis, elles permettent toutes les deux de revenir en arrière : le fusain peut toujours être gommé, et tant que les papiers déchirés ne sont pas collés, on peut revenir facilement sur leur agencement.
Tu fais également partie d’un collectif : L’amour édition. Quelle est sa raison d’être ?
“L’amour édition”, c’était le nom de notre promo à l’école Estienne, en 2013. Depuis, le collectif s’est transformé. Finalement, nous restons à quatre membres. Deux sont installées à Nantes, une à Marseille et une à Strasbourg. Le but est de se créer des occasions d’expérimenter ensemble dans le domaine de l’édition, autour de projets indépendants, en ayant recours aux techniques de la risographie et de la sérigraphie, entre autres. Ensemble on a fait des BD-feuilletons, des calendriers, des pochettes surprises, des fanzines… On se déplace régulièrement sur des festivals de fanzines d’ailleurs !
Le fanzine semble être un de tes supports favoris, comment l’expliques-tu ?
Pour moi, c’est un des supports d’édition qui offre le plus de liberté. D’abord, c’est une forme très accessible. Pas besoin de beaucoup d’argent pour l’éditer. Ensuite, il peut prendre des formes très différentes : format, papier, reliure… Il n’y a aucune règle ! Et puis, le fait de le faire soi-même est assez génial. On le maîtrise de A à Z.
Quel est ton objectif du moment, et de ces prochaines années, en tant qu’artiste ?
D’abord, je dois me concentrer sur ma toute première bande dessinée “à compte d’éditeur” qui sortira à l’automne 2023, si tout va bien ! Elle s’appelle L’Année extraordinaire, et elle est actuellement pré-publiée sous forme de feuilleton dans le journal jeunesse Biscoto, qui est aussi une maison d’édition. Mais j’ai déjà en tête le prochain livre que j’aimerais faire, une histoire de vieilles femmes qui vivent ensemble sous un lac ! Donc à l’avenir, j’aimerais juste pouvoir continuer de faire des livres.
Le parcours d’Ariane Hugues, en bref →
Après un bac option arts appliqués, obtenu en 2011 au Lycée Général et Technologique Raymond Lœwy (La Souterraine), Ariane Hugues rejoint le DMA Arts Graphiques option illustration de l’école Estienne (Paris). Elle en sort diplômée en 2013, et enchaîne avec une formation continue non diplômante en BD au Lycée Auguste Renoir (Paris), puis avec un DNAP et DNSEP à l’École Supérieure des Arts Décoratifs (Strasbourg), obtenus en 2015 et 2017.
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