Reportage : alerte dans l’estu’air
Ce n’est pas parce que la pollution de l’air est invisible qu’on ne peut la combattre. À Donges et Saint-Nazaire, deux assos sont déterminées à savoir ce que respirent les habitant·es.
Article publié le 1er juin 2023
Par Mathilde Doiezie
Photographie : Karoll Petit
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Les cheminées de la raffinerie Total de Donges et les époux Le Cler ne se quittent pas des yeux. Depuis le salon de ces deux enseignant·es à la retraite, la baie vitrée cadre les colonnes industrielles à l’horizon. Leur maison, installée sur un chemin plutôt bucolique à l’écart du bourg, est aussi encerclée de cuves de stockage grises. Marie-Aline a grandi ici. Elle en était partie, mais il y a quelques années, avec son mari Michel, elle a décidé de revenir vivre dans la maison de ses parents, qui n’aurait pas valu grand-chose à la revente. Ensemble, ils ont alors tenté de mieux comprendre où ils mettaient les pieds… pour finir par endosser un rôle de vigies face à diverses sources de pollution, au sein de l’association qu’ils président à tour de rôle, l’AEDZRP, l’association environnementale des zones à risques et du PPRT.
L’association s’est constituée en 2011 au moment de l’élaboration, à la demande de l’État, de ce fameux Plan de prévention des risques technologiques (PPRT). Il oblige les industriels à informer les riverain·es de potentiels dangers, mais exige aussi des propriétaires alentour des travaux de “renforcement” sur les maisons : changer les fenêtres, en premier lieu. Les riverain·es ont vu rouge : ce serait leur responsabilité de se calfeutrer et non aux industriels de réduire les risques à la source ? C’est pour exiger des pouvoirs publics qu’ils mettent vraiment le nez dans les activités des industries que l’asso est née. « Petit à petit, on s’est rendu compte que le problème était plus complexe, se souvient Michel », chevelure blanche lui descendant sur la nuque.
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