Des jeunes et des dieux
Depuis 2009, l’association Coexister intervient en milieu scolaire pour parler religions, laïcité et, surtout, vivre-ensemble.
Depuis 2009, l’association Coexister intervient en milieu scolaire pour parler religions, laïcité et, surtout, vivre-ensemble.
Face aux regard interrogateurs d’une vingtaine d’élèves, les trois bénévoles de Coexister se présentent « Henrick, 24 ans, agnostique », « Lisa », 24 ans athée » et « Radjaa, 26 ans, musulmane ». Rose, 11 ans interpelle cette dernière : » Vous avez de la chance de porter le voile, nous on a pas le droit ! » Et nous voilà au coeur du sujet du jour : décortiquer le principe de laïcité avec cette classe de 6 ème du collège Jean-Lurçat, à Angers. Coexister, qui milite pour la cohésion sociale, intervient régulièrement en milieu scolaire dans 45 villes de France. L’atelier démarre avec un jeu sur les préjugés. Une photo de cinq jeunes, bras dessus bras dessous, est projetée sur le tableau. » À votre avis, qui a quelle conviction ? » demande Henrick à la classe. « Le barbu avec le t-shirt noir, c’est sûr qu’il est musulman ! » lance un élève, aussitôt stupéfait d’apprendre que le jeune homme est en réalité athée. L’exercice est l’occasion de faire la distinction entre origines et religion. « Je suis d’origine marocaine, mais cela ne m’empêche pas d’être athée », illustre Liza.
Puis vient le sujet attendu de la laïcité. Pour mieux cerner la notion, une liste de situations est présentée aux élèves : « Est-ce que j’ai le droit d’aller voter avec une kippa ? » ; « Est-ce que je peux travailler dans une bibliothèque municipale avec une croix visible autour du cou ? » Pour les aider à trouver la réponse, Henrick lance une vidéo. En quelques minutes, celle-ci retrace le par-cours de la loi sur la séparation des Églises et de l’État, votée en 1905, et les débats houleux qui ont animé le pays au moment de sa discussion à l’Assemblée nationale. Avant de conclure : « La laïcité n’est pas une opinion mais le cadre qui les permet toutes.» Rebondissant sur une question sur le port du voile, Radjaa rappelle que, à l’école, profs et élèves n’ont pas le droit de porter des signes religieux ostentatoires. « Mais pour les intervenants extérieurs, comme moi ou vos parents, c’est possible », précise la jeune femme. Dans la salle, la prof d’histoire-géo sent que ses élèves sont « touchés » par l’intervention. « Quand je leur explique, ce n’est pas reçu de la même manière. »
Mais aborder la laïcité et la diversité des convictions ne fait pas tout : concrètement, comment vivre ensemble malgré les différences ? Pour alimenter la réflexion, Henrick et Liza se lancent dans un jeu de rôles. Le premier propose d’aller manger un kebab. Sauf que Liza est végétarienne… Le duo joue le même échange selon quatre scénarios différents : les deux se chamaillent ; chacun·e part de son côté ; l’un·e cède aux attentes de l’autre… ou un compromis est trouvé. « L’équilibre peut être compliqué à trouver entre affirmer son identité et faire avec l’autre », concède Liza. À la fin de l’atelier, Yanis, 11 ans, retient qu’avec la laïcité « on peut changer de religion, avoir des convictions différentes et vivre ensemble. »
*Les athées nient l’existence d’un Dieu, tandis que les agnostiques ne se prononcent pas sur une telle existence.
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