En Loire-Atlantique, les vaches aussi ont droit à l’acupuncture
Dans le département, 600 éleveurs, bio ou conventionnels, sont formés aux médecines naturelles. Depuis peu, l’acupuncture a même fait son apparition.
Dans le département, 600 éleveurs, bio ou conventionnels, sont formés aux médecines naturelles. Depuis peu, l’acupuncture a même fait son apparition.
L’imposante Montbéliarde s’est fait marcher sur la mamelle par l’une de ses 70 colocataires d’étable. Un douloureux hématome empêche le lait de s’écouler normalement. « Avant, on l’aurait mise sous antibiotiques », convient Lionel Guerchet, agriculteur au Gaec Saint-Émiliennais de Blain depuis près de 40 ans.
« Avant » que Thérèse, son épouse, ne le convertisse aux médecines naturelles en commençant à travailler sur l’exploitation au début des années 2000. « Cela fait longtemps que nous avons limité les antibiotiques pour nous et pour les enfants. Pourquoi pas pour les bovins ? »
Phytothérapie, homéopathie, aromathérapie… Les Guerchet jonglent avec les médecines douces. Les tubes de granules homéopathiques transitent régulièrement de la cuisine familiale à l’abri des veaux. « Il faut beaucoup observer les bêtes et bien réfléchir pour savoir quelles plantes leur administrer, cela prend du temps. »
Depuis une vingtaine d’années, environ 600 éleveurs – sur plus de 5 000 dans le département – se sont formés auprès de la Chambre d’agriculture, du Groupement des Agriculteurs Biologiques (GAB) de Loire-Atlantique ou encore d’Élevage Conseil Loire Anjou. Des vagues successives qui épousent parfois celles des conversions en bio, sans en être l’unique cause.
Car comme les Guerchet, de nombreux agriculteurs conventionnels ont opté pour les médecines naturelles sans attendre le plan Éco-antibio. Lancé en 2012 par le Ministère de l’Agriculture, il vise à diminuer l’utilisation d’antibiotiques. « Nous avons à faire à des éleveurs qui veulent de plus en plus comprendre« , renchérit Olivier Linclau, conseiller technique au GAB 44.
À l’aroma, la phyto et l’homéo, se sont ajoutées les aiguilles de Nayla Chérino. Cette vétérinaire a fait de l’acupuncture sa spécialité et forme les éleveurs depuis dix ans. « Au départ cela me paraissait compliqué puis cela a été une révélation dans ma pratique », avoue-t-elle. Dès la première journée de formation, elle enseigne les points qui facilitent les vêlages, réaniment le veau, évitent les hémorragies… « L’engouement est de plus en plus fort ». Même chez Lionel Guerchet, qui admet avoir été « un peu sceptique » lorsque Thérèse s’est formée en 2015.
Cette dernière, au contraire, a tout de suite été convaincue. « On ne voit plus les choses de la même façon. Avant, c’étaient simplement des vaches. Depuis qu’on utilise l’acupuncture : on voit qu’elles ont plein de choses à nous apprendre ». Et des petites économies à leur apporter : depuis trois ans, les Guerchet ont gagné en moyenne 7 € par vache pour les frais vétérinaires, soit près de 500 € par an pour le troupeau entier.
Car si les médecines naturelles ne suppriment pas toujours totalement les pathologies – et qu’il faut parfois repasser par des antibiotiques – Nayla Chérino enseigne aussi la prévention à ses élèves. « Nourriture, sommeil, eau, respiration : en prenant garde à ces quatre piliers, les agriculteurs apprennent à renforcer la bonne santé de leurs bêtes. Je rappelle toujours la philosophie de la médecine chinoise : les médecins sont rémunérés si les patients sont en bonne santé. » Olivier Linclau du GAB 44 acquiesce : « Quand il fait froid, un peu d’homéopathie ou de chlorure de magnésium permet d’éviter la grippe par exemple ». Ce matin, la Montbéliarde s’est vu administrer des granules et planter quelques aiguilles. Peu à peu, le lait recommence à couler… Sans antibiotique. ♦
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