"Certains sont prêts à payer un prix personnel pour pratiquer ce journalisme" | Les Autres Possibles

« Certains sont prêts à payer un prix personnel pour pratiquer ce journalisme »

Qui se cache derrière les médias libres ? Depuis plus de vingt ans, Benjamin Ferron étudie la presse se revendiquant indépendante et rencontre celles et ceux qui la font.

Article publié le 4 avril 2024
Par Nolwenn Perriat
Photographie : Karoll Petit
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Benjamin Ferron est sociologue, maître de conférence, membre du Centre d’étude des discours, images, textes, écrits, communication (Céditec) de l’université Paris-Est Créteil. Il s’intéresse à la presse depuis 2014 et en particulier aux personnes impliquées dans les médias libres en France.

Quelle est votre définition du média libre ?

Je n’ai pas de réponse définitive à cette question, car c’est tout l’enjeu de mes recherches ! Pour ne pas poser une définition avant de savoir ce qu’elle contient, ma méthode consiste à recueillir la façon dont ces médias se qualifient eux-mêmes : libres, indépendants, alternatifs, radicaux, participatifs, citoyens, etc. J’ai recensé une cinquantaine de termes. Ce qui est intéressant, c’est justement leur grande diversité et hétérogénéité, et le fait que ces qualificatifs représentent des enjeux de lutte symbolique, de concurrence ou d’opposition avec la presse qualifiée de « dominante », « conventionnelle », ou encore « mainstream* ». À l’inverse, le qualificatif de « média militant » peut être une façon pour des journalistes et acteurs de la presse dominante de disqualifier ces médias, puisque le rôle social du journalisme d’information s’est construit historiquement sur un principe de distanciation. Au contraire, le militantisme a pour principe fondamental l’engagement. On peut donc dire au minimum que c’est une presse dominée symboliquement et économiquement, et diamétralement opposée sous l’angle des représentations du monde qui sont produites.

Les médias libres sont-ils tous de gauche ?

Pour l’instant, nous avons constitué une base de recherche de près de 600 médias, que l’on a recensés à partir d’une dizaine de fédérations, coordinations et réseaux, comme la Coordination permanente des médias libres (CPML) qui sont majoritairement situés à gauche : la majorité des médias étudiés sont donc à gauche.

* Littéralement : « grand public ».


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