Article mis à jour le 18 février 2025
Un article des Autres Possibles paru dans le hors-série
« Climat, les jeunes face à leur futur »
Dans le scénario catastrophe d’une température moyenne à +4° en 2100, quelles seraient les conséquences en Pays de la Loire, sur la ressources en eau douce par exemple ?
Dans le scénario catastrophe, les impacts sur le territoire ligérien seront accentués, mais il faut bien comprendre qu’ils sont déjà là ! Premièrement, on a une sécheresse plus intense qui modifie le régime de précipitation des pluies. On va passer progressivement de quatre saisons assez marquées à deux saisons : une saison humide ‒ de fin octobre à début avril ‒ et une saison sèche ‒ d’avril à fin octobre. Ça aura des conséquences sur les débits des cours d’eau et donc sur l’eau potable. Pour rappel, les deux tiers de l’eau potable consommée en Loire-Atlantique viennent de la Loire. En 2022 par exemple, on est passés en dessous du seuil de crise : il y avait une telle tension qu’on a été obligés de mettre en place des restrictions pour limiter le risque d’une pénurie. En 2050, les restrictions d’eau pourront être la norme, et ce ne sera pas suffisant… Ça amènera à se questionner : qui sera prioritaire pour utiliser la ressource ? La consommation individuelle, l’irrigation agricole, l’industrie… ?
Quelle sera la fréquence des événements extrêmes en 2050 ?
Si rien n’est fait, on se dirige vers une augmentation du nombre et de l’intensité des vagues de chaleur, des nuits tropicales ‒ c’est-à-dire des nuits où on ne descend pas en dessous de 20 °C ‒ et des périodes de sécheresse. Ça veut dire qu’on va être plus vulnérables sur le moment, mais aussi dans la durée. La canicule de 2003, pourra être la norme en 2050. Le territoire nantais aura probablement les températures de Lisbonne à la fin du siècle, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Si on parle de sécheresse, on peut aussi évoquer les feux de végétation. Dans le scénario où aucune émission de gaz à effet de serre (GES) n’est réduite, la situation des Pays de la Loire sera semblable à celle du Vaucluse actuellement au niveau des incendies : c’est-à-dire risques de déclenchements de feux constants de juin à août, avec plusieurs épisodes par mois.
En quoi le réchauffement climatique impacte-t-il nos côtes ?
En zoomant sur les côtes vendéennes, par exemple, on constate qu’il y a de forts risques d’érosion, d’inondation et de submersion. Sur ces territoires, on a des maisons qu’on ne peut plus assurer parce que le changement climatique est déjà là et qu’il y a une montée des eaux. La projection montre que ça va s’accentuer.
Faut-il s’attendre à des déplacements de population ?
C’est déjà le cas en Loire-Atlantique : il y a une commune, Saint-Brevin-les-Pins, qui prévoit de déménager entièrement un ensemble de centres médico-sociaux ‒ les établissements Mindin ‒ qui accueillent près de 600 résidents : personnes âgées, enfants et adultes handicapés. Donc il y a déjà des déplacements de population prévus et il y en aura de plus en plus. Les côtes sont proches de l’océan, elles sont vulnérables, c’est vrai…, mais il y a tout un tas d’autres risques auxquels la région est confrontée : il y a aussi des déplacements de populations qui vont être liés aux inondations par exemple. Le Maine-et-Loire est particulièrement concerné. Dans ce département, ce sont plus de 40 communes qui sont particulièrement vulnérables, ce qui représente un risque pour près de 154 700 habitants, et 109 000 emplois. Donc là encore, si ça se trouve, on va devoir déplacer des populations soit à court terme face aux inondations ponctuelles, soit à long terme.
En quoi la région contribue-t-elle à l’augmentation des gaz à effet de serre ?
La région Pays de la Loire n’est pas très bonne élève : avec environ 30,7 millions de tonnes de CO2 générées en 2018 (format SECTEN), en raison surtout de son activité agricole soutenue, des transports, et de son industrie. À cela, il convient d’ajouter les émissions indirectes de la région estimées à 33 millions de tonnes de CO2 par an.
Quand on sait tout ça, en tant que jeune, on peut être tout le temps stressés… C’est difficile d’imaginer son futur…
Repenser son mode de fonctionnement, c’est un travail qui incombe à tout le monde. Moi, je reste optimiste parce que je me dis qu’il faut l’être, qu’il faut agir, et que quand on agit les résultats sont là. Il y a plein de dispositifs à mettre en place pour que tout ne repose pas que sur les jeunes, et pour vivre dans un monde soutenable. Même si elles restent importantes, les émissions de GES de la région diminuent : entre 2008 et 2022, elles ont baissé en moyenne de 19 %, surtout grâce au développement des énergies renouvelables [en Pays de la Loire, la production d’énergie renouvelable a doublé depuis 2008]. Donc on sait qu’on a des leviers qui ont des effets.
Propos recueillis dans le cadre du hors-série « Climat, les jeunes face à leur futur », par les élèves de BTSA gestion et protection de la nature du lycée Briacé, au Landreau.
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