Elle est fraîche ma fripe ! À Nantes, un premier marché de vêtements de seconde main. | Les Autres Possibles

Elle est fraîche ma fripe ! À Nantes, un premier marché de vêtements de seconde main.

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C’est une première en France : un marché spécialisé dans la fripe se tient désormais à Nantes. De la seconde main locale, chinée par les fripier·ères passionné·es de l’asso Bouge ta frip’.

Publié en novembre 2022
Mis en ligne le 3 mai 2024
Par Nolwenn Perriat
Photographie : Jean-Félix Fayolle
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Chaque mercredi et le premier samedi du mois, de 11h à 19h, Doriane, Yvelise, David, Asène, Mikaëla et Suzanne recouvrent la place des Petits Murs, en face de l’arrêt place du Cirque à Nantes, de leurs vêtements, accessoires et chaussures d’occasion chinés avec passion. Leur métier : fripières et fripiers indépendant·es, uni·es au sein de leur toute jeune asso Bouge ta frip’, fondée en 2022.

« Mes collègues font beaucoup de marchés, moi beaucoup d’événements, mais il n’y avait encore rien de régulier entièrement dédié à la seconde main, explique Doriane Facque, gérante de la friperie itinérante Chez Dame Didou, et présidente de l’asso. Donc on a proposé à la municipalité cette idée de marché hebdomadaire, qui a plu. Nous avons cette place jusqu’en décembre 2022 pour expérimenter notre concept.* »

Doriane a été désignée présidente par ses collègues « parce qu’elle a la tchatche ». Dixit Yvelise, de Chapitre Deux, à l’origine de l’association avec David, de Frip’ by Dave. La fripière connaît son sujet, c’est certain… Il suffit de la voir discuter avec la clientèle et raconter son parcours. La trentenaire a déjà connu plusieurs métiers : animatrice en maison de retraite, serveuse, manageuse en restauration… Mais aussi vendeuse de vêtements neufs, durant trois ans, chez Zara, où elle a pu « voir le diable de près : la quantité de vêtements produite, la qualité qui se dégrade, les conditions de travail déplorables… »

Alors, en août 2021, elle se lance dans la fripe, enchaîne les événements et rejoint le projet d’Yvelise et David, dont elle partage les valeurs. « Nous avons une charte qui nous engage à chiner, localement, des vêtements de qualité qu’on lave, qu’on repasse, et qu’on ne vend pas dans des sacs plastiques ! » Hors de question de se fournir chez les grossistes de la fripe qui font venir les vêtements du monde entier. « Des tonnes de vêtements collectés sur le territoire arrivent au Relais chaque semaine, donc il y a largement de quoi habiller les Nantais, argue-t-elle. De plus en plus de clients prennent conscience de la différence et se tournent vers nous. » Chiner localement ça veut dire, essentiellement, chiner au centre de tri du Relais, dans les boutiques Emmaüs, les ressourceries, et les vide-greniers. Pour ne pas avoir recours aux stocks des grossistes − qui vous envoient une sélection vintage sur demande − il faut donc passer beaucoup de temps à dénicher des pièces uniques, qui vont plaire. « Beaucoup pensent que l’on fait ça pour l’aspect financier, parce que c’est tendance, mais on le fait d’abord par passion et conviction écologique. Il faut arrêter de consommer du neuf, vu les ravages de la fast fashion, affirme Doriane. On veut gagner notre vie, mais pas n’importe comment. »

L’asso veut populariser la seconde main, mais aussi faire bouger les lignes dans ce secteur où il n’y a à ce jour, par exemple, aucun syndicat, et qui pâtit selon elle de certaines « aberrations », comme un taux de TVA identique à celui des habits neufs. Jusqu’ici le bouche-à-oreille fonctionne, le marché a déjà ses habitué·es et les six acolytes se prennent à rêver d’un lieu plus grand, à l’abri des intempéries, pour diversifier l’offre. « Une dizaine d’indépendants nous ont contactés, mais nous attendrons la fin de l’expérimentation, pour savoir ce qui est possible, précise Doriane. Côté chiffre d’affaires, pour l’instant c’est aléatoire. On a commencé juste avant l’été, et économiquement, c’est compliqué pour tout le monde en ce moment. Mais on ne lâche rien ! **»

 

* L’expérimentation du concept s’est terminée en décembre 2022, le marché se poursuit depuis.

* * Le collectif est aujourd’hui composé des friperies et associations solidaires : Chapitre Deux, Bain de Midi, Fripe By Dave, Chez Dame Didou, Dernière Main, Vestige, Retrospecial, Slow Fripe, Miaou-Miaou, Meet Me At The Corner, Une Fripe Un Style

 

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