Aide aux démunis : “Dans l’urgence, de nouvelles coopérations s’opèrent”
Fermé pour cause de confinement, le Wattignies Social Club, sur l’île de Nantes, s’est transformé en quelques jours pour distribuer de l’aide alimentaire.
Fermé pour cause de confinement, le Wattignies Social Club, sur l’île de Nantes, s’est transformé en quelques jours pour distribuer de l’aide alimentaire.
Dans le cadre du confinement imposé pour lutter contre le virus Covid-19, le Wattignies Social Club, lieu de vie situé dans un ancien garage automobile de 800 m2, sur l’île de Nantes, s’est transformé en quelques jours en une plateforme logistique au service des plus démunis. Retour sur cette mise en mouvement éclair et les coopérations inédites qu’elle a générées, avec Stéphane Juguet, responsable du lieu.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le Wattignies Social Club, hors confinement ?
S. J. : Ordinairement, nous sommes un lieu de vie de quartier situé sur l’île de Nantes au niveau de l’arrêt de tram Wattignies, comprenant trois boutiques : une brocante-friperie, une épicerie africaine et un bar. C’est aussi, à l’arrière, un garage de 300 m2 qui sert de base logistique à l’entreprise Les Coursiers Nantais. Enfin c’est un lieu au service des solidarités : habituellement, tous les mercredis matin, le Carillon [Réseau de solidarité nantais pour les sans domiciles, NDLR] y accueille des personnes à la rue pour échanger, boire un café.
Comment le WSC est-il devenu, en quelques jours, un lieu de distribution quotidienne de l’aide alimentaire ?
S. J. : Avec le confinement, ce lieu immense allait être vacant pendant des semaines. Donc on a contacté le SIAO [Service intégré d’accueil et d’orientation. Service départemental qui centralise, notamment, les demandes d’hébergement d’urgence adressées au 115, NDLR], qui fait partie de la « cellule de crise » monté autour des personnes à la rue à Nantes. Ils sont en charge de la coordination et nous ont mis en lien avec le Centre communal d’action sociale (CCAS) et le Samu social. Le SIAO est venu sur place évaluer le lieu, voir quels aménagements étaient possibles. La transformation a été actée sur-le-champ. Puis, il nous a fallu une journée pour faire place nette et finaliser l’aménagement. Deux boutiques sont devenues des espaces dédiés à la distribution alimentaire, sous forme d’une sorte de drive piéton afin de respecter les mesures de distanciation sociale : les gens reçoivent des sacs repas confectionnés par une entreprise missionnée par le CCAS. La troisième boutique est devenu un espace d’information sur les questions de santé : occasionnellement, des infirmières viennent pour écouter, aider et conseiller ceux qui en ont besoin. Le tout nous a pris environ quatre jours. Le lundi 23 mars, les distributions pouvaient commencer.
Comment faîtes-vous pour faire connaître l’initiative à celles et ceux à qui elle s’adresse ?
S. J. : La rue est un canal où l’information circule très vite. Dans un premier temps, l’info est passée par les structures engagées quotidiennement aux côtés de leurs bénéficiaires : le Carillon, le CCAS, le Samu Social, etc. Puis le bouche-à-oreille a fait le reste, et ça ne s’arrête pas : il y a de plus en plus de monde.
Combien de personnes se rendent chaque midi au WSC en ce moment ?
S. J. : Le lundi 23 mars, nous avons distribué environ 70 repas. En fin de semaine, le 27 mars, nous étions à 130 repas distribués. Ce que je constate surtout, sur la semaine, c’est l’évolution des profils : les premiers jours, il s’agissait surtout de personnes à la rue, du quartier et d’ailleurs. Puis des familles, des exilés et des gens qui ont certainement un toit mais des fins de mois difficiles les ont rejoint…
Avez-vous d’autres projets pour le lieu pendant cette période particulière ?
S. J. : Oui. Ce n’est encore qu’à l’état de réflexion mais on envisage d’en faire aussi le point de départ d’un service de livraison de paniers repas à domicile, en partenariat avec les Coursiers Nantais, au bénéfice des personnes les plus vulnérables. On est en recherche de partenaires pour supporter une partie des coûts. Autre idée : si nécessaire, pour venir en aide aux agriculteurs dont une partie de la production pourrait être plus difficile à écouler, nous pourrions mettre en place des étals ambulants solidaires… Je ne peux pas en dire beaucoup plus, cela reste vraiment à préciser.
C’est peut-être un peu tôt mais… Pour l’avenir, tirez-vous des leçons de cette transformation éclair de votre lieu ?
S. J. : Si l’on doit tirer du positif de tout cela : on s’aperçoit que dans l’urgence les coopérations s’opèrent beaucoup plus rapidement qu’en temps normal. Et au passage, on fait émerger de nouveaux services qui vont s’avérer utiles par la suite. Car, c’est un peu moins positif, mais la “deuxième vague” selon moi sera aussi et surtout sociale, économique, politique. En prévision, il faut chercher à répondre à cette question : comment faire pour qu’au-delà de cette période exceptionnelle, conjoncturelle, l’on puisse pérenniser ces nouvelles actions solidaires, les rendre structurelles ?
Les distribution de repas solidaires au Wattingies Social Club ont lieu tous les midis de 11h30 à 14h, au 13 boulevard des Martyrs-Nantais-de-la-Résistance 44200 Nantes.
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