M'enfin, c'est quoi le problème avec la livraison des repas ? | Les Autres Possibles

M’enfin, c’est quoi le problème avec la livraison des repas ?

Notre guide Nantes durable et solidaire n’est pas seulement une sélection de 600 adresses engagées, pour se vêtir, faire ses courses, ou même sortir à Nantes et alentours ! Pour aller plus loin, on y a également glissé des articles pour prendre du recul : c’est la rubrique Décryptage.

Publié le 21 décembre 2022
Photographie : Camille Van Haecke
————–

2011. Uber débarque en France pour transformer les services de taxi : son appli met en contact usager.es et chauffeur.euses indépendant.es. La multinationale revendique aujourd’hui 5 millions de client.es et 30 000 chauffeur.euses en France. Sur le même modèle, les plateformes se sont multipliées dans différents secteurs : livraison de repas, tourisme, services à la personne, etc. Et donc ? Le problème, c’est que ces plateformes ont recours à des travailleur.euses en micro-entreprise. Un statut nettement moins coûteux pour le donneur d’ordre, et nettement moins avantageux que le salariat : pas de prise en charge par la Sécu en cas d’arrêt de travail, moins de cotisations sociales, donc moins de droits, pas de congés payés, d’assurance, de mutuelle, et ainsi de suite.

Concrètement, alors qu’elles sont cens.es être indépendantes, ces personnes dépendent d’un outil sur lequel elles n’ont pas la main, et sont contraint.es d’accepter des tarifs très bas ou les cadences imposées. Cette relation relève de la subordination – l’un des éléments de la relation salariale – C’est un évitement de l’embauche afin de maximiser les profits. En avril 2022, la plateforme de livraison de repas Deliveroo a ainsi été condamnée à une amende de 375 000 €, et ses deux anciens directeurs à un an de prison avec sursis, pour travail dissimulé. L’entreprise doit verser des indemnités aux 116 travailleur.euses qui se sont porté.es parties civiles. Deliveroo a fait appel de la décision du tribunal.

De manière générale, l’uberisation remet en question le salariat en faveur de la rémunération à la tâche d’une main-d’oeuvre bon marché. Le phénomène bouleverse profondément les secteurs concernés, encourage un morcellement de l’activité professionnelle (cumul de plusieurs emplois, mélange salariat/travail indépendant…) et appauvrit l’état, car les plateformes se délocalisent au gré des avantages fiscaux qu’elles peuvent obtenir.

→ À Nantes, l’asso Nao Food essaie de lutter à son échelle en proposant un service éthique de livraison de repas à vélo (zéro pollution !). Elle embauche aujourd’hui plusieurs coursiers et coursières rémunéré·es de façon égalitaire, tout comme les indépendant·es qui rejoignent le mouvement. Nao Food espère devenir une Scop en 2023. Et puis, il y a aussi des projets comme Dama, un traiteur végétarien, qui vient jusqu’à nous en vélo cargo.

← Retour vers « le coin web » des Autres Possibles

Le guide « Nantes durable et solidaire » 600 adresses engagées

Abonnement ou réabonnement – en pause !