Vie affective et sexuelle, les jeunes enquêtent : Les violences sexistes, c'est "tous les jours" | Les Autres Possibles

Vie affective et sexuelle, les jeunes enquêtent : Les violences sexistes, c’est « tous les jours »

Comment lutter contre le harcèlement dans les lieux publics ? À Nantes, plusieurs initiatives tentent de freiner ce fléau.


Dans le cadre d’un atelier journalistique mené par Les Autres Possibles, en juillet 2021, à la pépinière d’initiatives jeunesse Le TriptiC, à Nantes, plusieurs jeunes ont écrit des articles sur le thème de la vie affective et sexuelle.  Afin de mettre en lumière le travail de ces jeunes, l’équipe des Autres Possibles a choisi de publier cet article parmi ses autres contenus journalistiques. L’intégralité des articles produits par les participant·es est à retrouver dans leur petit journal, ON SEX’PRIME, disponible à la maison de quartier de la Bottière et à la médiathèque Floresca-Guépin, à Nantes. 


Un article écrit en juillet 2021, par Bertrand Erba, Facinet Sylla et Wynna Floricourt, avec l’aide du magazine Les Autres Possibles. Photo : Gustave Deghilage – Flickr
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En France on estime que 81% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans des lieux publics, selon le site DBSP, « Dis bonjour sale pute », qui lutte contre le harcèlement sexiste et sexuel dans l’espace public. Et dans les transports en commun, 100 % des femmes ont déjà été harcelées. Sur le compte Instagram de DBSP, on retrouve ce type de témoignages : « Dans le métro, un mec en face de moi me dit que j’ai une grosse poitrine et que je vais le faire bander. »

« Peur de prendre les transports »

« On constate tous les jours des agressions dans le bus et le tram, rapportent Kevin, Brian et Enzo, agents de prévention de la Tan, à Nantes. Un jour, un homme est sorti du bus à Pirmil, et a agrippé la poitrine d’une jeune femme de 15-16 ans, qui attendait le bus. On a été obligé d’appeler les pompiers car elle faisait une crise d’angoisse… ».

Ce genre de situation est si répandue, que « certaines personnes ont peur de prendre les transports », expliquent les agents. Pour éviter ces agressions, une seule solution selon eux : « Aller voir le conducteur en cas de problème, et se rapprocher de sa loge pour voyager, plutôt que de rester au fond du tram. » Pour le reste, les agents ne bénéficient aujourd’hui d’aucune formation pour réagir à ces situations. « On fait marcher notre bon sens, on intervient si besoin. »

Citad’elles, un lieu refuge pour les femmes

Hélène, conseillère au planning familial reçoit régulièrement des victimes d’agressions verbales ou de réflexions sexistes dans la rue. Du côté des agressions physiques, « on reçoit des victimes presque tous les jours », explique-t-elle, mais dans la rue, il s’agit surtout d’agressions verbales.

« On propose aux personnes une prise en charge par Citad’elles, le lieu dédié aux violences faites aux femmes à Nantes. Là-bas, les victimes trouvent une aide juridique pour porter plainte par exemple, mais aussi un soutien auprès de psychiatres, etc. »

Des outils pour lutter contre le harcèlement

Pour aider les personnes victimes de harcèlement, Hollaback, mouvement mondial pour mettre fin au harcèlement a créé la méthode des 5 D destinée aux victimes comme aux témoins : Distraire, Documenter, Diriger, Déléguer et Dialoguer. Par exemple, un témoin d’agression ou propos sexiste peut faire semblant de connaître la victime ou plus simplement, lui demander si tout va bien. Simple, et pourtant : « Généralement, personne ne bouge en cas d’agression. Les gens ont peur », explique Kevin, un des agents prévention.

Pour se défendre, l’association nantaise RésoNantes a développé l’application gratuite App-Elles, qui permet en un clic de se géolocaliser et d’envoyer un message à trois personnes choisies en avance en plus d’un appel aux urgences. Pour Hélène, la conseillère du Planning familial, une seule façon de changer les choses en profondeur : l’éducation. « Il faut travailler sur le consentement dès le plus jeune âge, et dénoncer le sexisme, sans oublier de parler aux garçons, et pas seulement aux victimes », conclut Hélène.

Un conseil lecture sur le sujet ? Lisez Les crocodiles, des témoignages sur le harcèlement et le sexisme ordinaire mis en dessin par Thomas Mathieu

Cet article a été réalisé par Bertrand Erba, Facinet Sylla et Wynna Floricourt, jeunes participant·es aux ateliers d’éducation aux médias des Autres Possibles, proposés par Le TriptiC Léo Lagrange.

→ Pour en savoir plus sur le projet journalisme ON SEX’PRIME

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