Au secours...l'hypersexualisation me suit! | Les Autres Possibles

Au secours…l’hypersexualisation me suit!

Quand Instagram et TikTok véhiculent massivement des contenus hypersexualisés, difficile de résister pour des ados accros à ces réseaux sociaux.

Un article écrit en juin 2021, par Ella et Enora, lycéennes à Blain, avec l’aide du magazine Les Autres Possibles.
Illustrations réalisées par Ella Bolikowski-Lohr


L’hypersexualisation, c’est quoi ? L e terme ne vous dit peut-être rien mais ce phénomène est pourtant très actuel et très ancré dans notre société. Pour le comprendre, il suffit d’un moteur de recherche et de quelques clics : cherchez des images pour le mot « écolier » puis pour le mot « écolière ».

Vous remarquerez la grande différence entre ces deux résultats. D’un côté, des dessins d’enfant allant à l’école et de l’autre des déguisements à connotation très sexuelle voir pornographique. Et tout ça simplement en ajoutant un « e » à la fin du mot. L’hypersexualisation, c’est rendre sexuel quelque chose qui ne l’est pas.  Cela peut être une attitude, un contexte, une tenue, un acte, un corps, une posture ou encore une personne. Ce phénomène est très présent dans les médias en général. Tiktok et Instagram sont de parfaits exemples pour illustrer ce phénomène dangereux pour les  jeunes générations.

Hypersexualisation précoce

Pas besoin de vous présenter Tik Tok, le réseau social préféré des ados.  Cette application est devenue virale en l’espace de deux ans. Elle compte aujourd’hui 689 millions d’utilisateurs actifs dont 11 millions en France.

On compte beaucoup plus de femmes sur l’appli mais on peut voir la tendance s’inverser à partir de 25 ans.  L’application est donc composée majoritairement  d’utilisateurs féminins âgés de 13 à 24 ans et d’utilisateurs masculins âgés de 25 à 55 ans. Pour s’inscrire il faut avoir minimum 13 ans, « mais ça c’est jamais respecté », selon un lycéen.

Le « bugs bunny challenge ». La nouvelle tendance hypersexualisée sur Instagram et TikTok

Dans les « pour toi », une proposition de l’algorithme de Tik Tok de vidéos personnalisées,  une utilisatrice retrouve autant, voire plus de trends (courtes vidéos tendances) sexualisées que de trends soft. « J’ai l’impression qu’il n’y a plus que ça »,  explique Mathieu, un lycéen, « après si tu t’assumes, pourquoi pas ? »

Les enfants ne sont pas capables de saisir le fond de certaines tendances. Ce qui les amènent à reproduire certaines trends sexualisées comme le #wapchallenge ou encore le #buggsbunnychallenge. « Quand t’as 12 ans et que tu refais une trend comme le buggsbunny c’est chaud » affirme Salomé, une élève de notre lycée. 

La plateforme est donc un repère idéal pour les prédateurs sexuels et les pédophiles qui peuvent agir sans que les plus jeunes ne perçoivent le côté malsain et dangereux. Les prédateurs vont récupérer leurs vidéos pour ensuite les mettre sur des plateformes pornographiques tout en complimentant leurs jeunes auteurs et en les incitant à continuer. C’est ce que dénoncent plusieurs youtubeurs, notamment Le Roi des Rats dans sa vidéo “Le plus grand problème de Tik Tok : l’hypersexualisation.”

Le corps qui prime sur la personnalité, le paraître 

Sur Instagram, la photo prime sur la vidéo, il n’est donc plus vraiment question de danse lascive ou de challenge inapproprié, mais plutôt de photos qui prônent le culte du corps parfait. « Sur Insta il va y avoir Photoshop », affirme Bleuenne, une autre lycéenne de notre lycée. 

Comme pour Instagram, sur TikTok le corps sera beaucoup plus mis en avant. « Sur TikTok ils montrent de ouf leur corps », remarque Mathieu. Et bien souvent le corps sera mis en avant avec des trends sexualisées énoncées précédemment, souvent plus pour les autres que pour soi. « Tu ne fais pas cette trend là si tu ne veux pas des vues. Tu ne vas pas le faire pour toi et le garder pour toi » affirme Mathieu. Malheureusement beaucoup le font pour suivre le mouvement de la société, peut-être pour se sentir plus accepté et faire comme tout le monde. « On fait les moutons », nous dit Salomé.

Qu’est-ce qui pousse à faire ça ?

Gagner des followers, recevoir des likes et des commentaires plaisants est plus facile en montrant son corps qu’en mettant en avant sa personnalité, ses passions ou ses talents. Le corps attire inconsciemment, et cela depuis la nuit des temps. Une personne publiant un contenu intéressant et construit sera tenté de choisir le chemin le plus court pour accéder à la popularité en postant des photos de son corps. 

Certains dénoncent Instagram et TikTok comme de la « pornographie douce ». Les femmes (en particulier), plus ou moins jeunes et plus ou moins connues, montrent à travers des selfies leur disponibilité sexuelle. Bien sûr, c’est devenu inconscient. De plus en plus de femmes le font parce qu’il s’agit des codes du réseau social. On like des photos de mannequins et célébrités dénudées, qui posent de manière à mettre leurs formes en valeur. On reproduit ces photos parce qu’elles sont belles et qu’elles permettent de gagner en popularité et en confiance en soi. On reçoit des commentaires élogieux mais on est reconnu grâce à notre corps et non plus grâce à notre personnalité. Notre corps devient le socle de notre confiance tout en ne nous appartenant plus. La confiance que nous avions acquise se perd lorsque nous comparons notre corps à d’autres, quasiment inatteignables. Une personnalité ne se modifie pas, tandis qu’un corps se transforme grâce aux régimes et à la chirurgie esthétique ( les 18-34 ans font désormais plus de chirurgie esthétique que les 50-60 ans, selon un article du Parisien ).

Les relations entre hommes et femmes impactées

Toujours sur TikTok, des jeunes femmes inscrivent #forthemen ou #fortheboy dans la description de leurs vidéos.  Des mots-clés qui semble préciser le public visé. Ce genre de vidéos sont bien évidemment des trends sexuels qui peuvent altérer l’image de la femme.  « Il y a certaines trends qui peuvent être dégradantes pour l’image de la femme »  affirme Salomé. Tandis que sur Instagram, il existe des comptes regroupant des photos ou vidéos à connotation sexuelle, voir très explicites. De la même manière, certains comptes Instagram assez populaires (suivis par 500 000 personnes ou plus) font des vidéos en direct (lives) avec des femmes qui ne montrent que leur corps en parlant d’une voix très basse. Dans le même genre, AD Laurent, un influenceur issu de la télé-réalité a animé des lives chaque soir durant le confinement où il faisait danser des jeunes femmes en petites tenues. Un exemple d’hypersexualisation sanctionné par la plateforme. En mai 2020,  le compte d’AD Laurent a été bloqué par Instagram

// Retour à la page d’accueil du blog // 

 

Qui sommes-nous ?

La boutique

Les points de vente