Agressions sexuelles : "Au début on s’en veut, à la fin on s’accepte" | Les Autres Possibles

Agressions sexuelles : « Au début on s’en veut, à la fin on s’accepte »

Pour Stéphanie, la reconstruction est passée par la prise de parole

Par le passé, Zoé a été victime de viols. Aujourd’hui la jeune lycéenne raconte sa reconstruction, à travers un témoignage sincère et puissant.

Un témoignage recueilli par la rédaction d’Aux armes lycéen·nes en juin 2021, avec l’aide du magazine Les Autres Possibles.

Je m’appelle Zoé*, j’ai 16 ans. J’ai subi des récidives de viols, et voici ma reconstruction.
Étant une victime de viol, je trouve intéressant de partager les avancées, les épreuves, et les difficultés que j’ai rencontrées après les événements.

La reconstruction après le viol, c’est probablement la chose la plus importante dans la vie d’une victime. C’est affronter ce qui s’est passé, l’accepter, et décider d’en faire une force plutôt qu’une faiblesse. Dans mon cas, il a fallu accepter que je sois une victime, et que, non, ce n’est pas de ma faute si j’ai été violée, mais bel et bien de la faute de mon agresseur.

Ce que j’ai trouvé le plus dur, c’était d’en parler. Quand on commence à en parler, on sait que ça ne va pas être simple, mais c’est une nécessité. Pour moi, voir un·e psy est d’une importance primordiale. Il/elle est là pour nous dire « Je te crois ». Quand on est cru, c’est toujours plus simple de parler, parce qu’on a cette peur qui se réduit.

« Une fois le silence brisé, la renaissance commence »

Un viol, ça ne disparaît jamais de la tête. J’ai fini par le dompter et apprendre à vivre avec. Mais affronter ça seul.e est trop complexe. Parce qu’en général, on ne résout pas le problème, on l’invisibilise.

Dans mon parcours, j’ai mis environ 6 ans à en parler. J’avais 14 ans, soit un an après que les faits aient été stoppés. Une fois le silence brisé, la renaissance commence. J’ai commencé à essayer de comprendre ce qui s’était passé, de me dire « Tu n’es pas folle ».  Mais j’ai eu besoin d’un psy pour que les mots « Je suis une victime » sortent de ma bouche. Au début de la reconstruction, on s’en veut, à la fin on s’accepte.

Mentalement, c’est une énorme libération. J’ai toujours cru que j’allais vivre dépressive et silencieuse, et voici mon avancée : écrire un article en essayant de tendre la main aux victimes et leur dire : « Tu n’es pas seul·e ».

Bien évidemment, la reconstruction ne se fait pas en quelques mois, il faut des années avant que tout soit correct psychologiquement (et ça peut parfois ne jamais arriver). Mais il y a des solutions pour revivre, aller dans des groupes de paroles, voir un psy, essayer d’en parler à un proche. Toutes les petites avancées sont importantes, mais, pour une victime, il faut du temps, c’est le plus important.

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